Les voitures hippomobiles des Haras

Les voitures hippomobiles des Haras nationaux représentent un ensemble unique en France. Témoignage de l'évolution des véhicules hippomobiles, elles sont une part de notre patrimoine national, et continuent de vivre, notamment lors des nombreuses présentations faites sur les sites de l'Ifce.

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Par Jean-Louis LIBOUREL - | 05.09.2011 |
Niveau de technicité :
Chevaux attelés
Sommaire

Les voitures hippomobiles dans les Haras nationaux

La pratique de l’attelage dans les Haras nationaux remonte à la création même de l’institution. Elle répondait aux besoins internes des Haras, et servait à la sélection et à l’exercice des nombreux chevaux destinés à tirer les voitures à cheval, alors uniques moyens de transport terrestre. Longtemps, les voitures furent d’indispensables outils de travail.

Des premières voitures des Haras, les plus anciennes, il ne subsiste plus aucun exemplaire. Celles qui sont actuellement conservées remontent à la deuxième moitié du XIXème siècle et au début du XXème. Elles correspondent aux dernières campagnes d’achat de l’administration. Vieilles aujourd’hui de 80 à 150 ans, elles sont désormais des éléments du patrimoine hippomobile national.

Squelette
Squelette © Ifce
Wagonnette
Wagonnette © SD
Dormeuse
Dormeuse © Y. Luhen

Lelorieux : le carrossier favori des Haras nationaux

Marque du carrossier Lelorieux sur un bouchon roue © P. Corbierre
La maison parisienne Lelorieux est celle qui a fourni le plus de voitures aux Haras nationaux, qui possèdent encore 69 voitures portant cette marque.

Des roues isolées, signées aussi Lelorieux, et provenant de voitures détruites, prouvent que les produits de cette maison étaient plus nombreux encore dans les Haras.

L’entreprise a été fondée par Victor Lelorieux, installé sur les Champs Elysées dès 1844. Il obtint deux médailles d’honneur à l’Exposition Universelle de 1855 à Paris.

Entre 1861 et 1864, la raison sociale de la maison est Lelorieux et Fils. Entre 1865 et 1875, les ateliers et le magasin Lelorieux Frères sont sur l’avenue de la Grande Armée ; une succursale est établie à Lille à partir de 1871. Lelorieux et Compagnie, avenue de Wagram, travaille jusqu’en 1914.

On peut voir à Istanbul, au palais Topkapi, une extraordinaire berline de gala, au décor exubérant et dont les panneaux de caisse sont en verres colorés, réalisée en 1862 par Victor Lelorieux pour le Sultan Abdulaziz.

Plus de 300 voitures : le plus grand ensemble français

Percheron
© G. Neron-Bancel
Le parc hippomobile des Haras nationaux est le plus important ensemble français de voitures anciennes relevant de la propriété publique, en l’occurrence de l’Etat (et depuis peu, de l’Ifce) : plus de 300 voitures, réparties dans les 20 Haras nationaux.

Cette sorte de «salon hippomobile» éclaté entre 20 sites, réunissant des productions de 120 fabricants parisiens et provinciaux, parmi lesquels figurent les plus célèbres, donne une vision particulièrement riche de la carrosserie française à cette époque. Il témoigne des métiers de la carrosserie, du charronnage et de la sellerie, de très précis et savants savoir-faire, mais aussi de manières de vivre, de se déplacer, de voyager, de se distraire par l’exercice de sports liés au cheval, comme la chasse et le driving.

Attelage Cergiel
© O. Macé
Il regroupe des voitures de sport pour le dressage, l’exercice, l’entraînement des chevaux (squelettes, breaks, charrettes anglaises, tilbury etc.), des voitures de service pour la vie quotidienne du Haras (omnibus), et des voitures plus luxueuses, de ville, de voyage, de loisir, provenant de châteaux et données aux Haras par leurs anciens propriétaires, soucieux de conserver ces témoins du passé.

Ces voitures datent de la deuxième moitié du XIXème siècle et du premier quart du XXe. Comme tous les moyens de transport ayant plus de 75 ans d’âge, elles entrent toutes dans la catégorie 13 (véhicules de collection), définie par la réglementation sur la circulation des biens culturels visés à l’annexe du décret d’application de la loi n° 92 1477 du 31 décembre 1992.

Un patrimoine vivant

Longtemps considérées comme de simples outils de travail, ces voitures, maintenant anciennes et rares, bénéficient désormais du statut d’objets d’antiquité, et relèvent du patrimoine national. 

Certaines, 53 exactement, sont même protégées au titre des Monuments Historiques : 7 sont classées parmi les Monuments Historiques, et 46 sont inscrites au titre des Monuments historiques. Quelques autres, de grande qualité, mériteraient également d’être classées comme le grand break de Cluny.

L’enrichissement récent du parc hippomobile des Haras nationaux répond à la volonté nouvelle de conserver sur place des voitures de fabrication locale ou régionale : un cabriolet construit à Saintes par Dannepont, et un gig fabriqué près de Tarbes, à Maubourguet, par O. Pagés, ont été achetés en 1998 pour les Haras de Saintes et de Tarbes ; une dresseuse construite à Pau par E. Nabarra, a été récemment acquise par le Haras de Pau-Gelos. Ainsi, à leurs missions fondamentales, les Haras nationaux ajoutent, avec raison, le rôle de conservatoires du Patrimoine.

Outre son ancienneté, sa rareté, sa beauté, son rôle de témoignage sur les vieux métiers de la carrosserie, du charronnage et de la sellerie, ce patrimoine possède la particularité d’être vivant. 

Utilisation

Contrairement aux objets de musée, les véhicules qui le composent sont encore utilisés pour la plupart. Beaucoup de ces voitures, maintenues en état de marche, sont régulièrement attelées aux étalons nationaux à l’occasion de manifestations équestres, pour la plus grande joie du public.

Venez découvrir ce patrimoine dans les Haras nationaux en région...

En savoir plus sur nos auteurs
  • Jean-Louis LIBOUREL Conservateur du Patrimoine
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 09 05 2024

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