Utilisation de l’espace par les équidés : importance quantitative, distribution spatiale et enjeux

Quelle est l’importance des équidés dans l’occupation de l’espace ? Comment se répartissent les activités qui leur sont liées au sein des territoires ? Quels sont les enjeux liés à la présence de ces animaux dans les espaces ruraux et périurbains ? Cette fiche apporte des éléments de réponse à ces questions à partir de recensements exhaustifs d’équidés et des espaces qu’ils occupent au sein de six petits territoires français.

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Par Céline VIAL - | 25.10.2016 |
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Cheval au pré dans zone urbaine © S Doaré
Sommaire

Importance des équidés dans l'occupation de l'espace

Jusqu’à présent, très peu de données étaient disponibles sur la façon dont les activités équestres s’insèrent dans les espaces ruraux et périurbains. Ainsi, on se demande où, comment, et par l’intermédiaire de qui se déploient quels équidés et quelles activités équestres dans les territoires ?

D’après l'annuaire ECUS, la France comptait environ 1 100 000 équidés fin 2014. On estime que 0,5 millions d’ha seraient occupés par ces équidés, ce qui représente 0,1 % de la surface du territoire métropolitain et 5 % des surfaces toujours en herbe. Or, ces chiffres sont très mal connus à l’heure actuelle, de même que la façon dont les équidés occupent l’espace. Dans le cadre du programme de recherche « Cheval et territoire », qui associe l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation (IFCE) et l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), des recensements exhaustifs des équidés présents, de leurs propriétaires et des espaces qu’ils occupent (par leur pâturage et leur stationnement, de façon permanente ou en alternance) ont été réalisés entre 2006 et 2010 sur de petits territoires « modèles » (voir fiche : Recensements exhaustifs d’équidés : la population équine passée à la loupe dans six petits territoires modèles). Dans les communes étudiées de façon exhaustive, les équidés occupent de 1,4 à 6 % de la surface totale des communes, ce qui représente une surface de 0,5 à 4 ha/cheval.

Dans les communes périurbaines étudiées, les équidés occupent entre 1,6 et 3,5 % de la surface totale, ce chiffre diminuant avec l’augmentation de la pression foncière, sans pour autant réduire la présence d’équidés, ceux-ci étant simplement concentrés sur de plus petits espaces. De plus, l’existence d’une tradition équestre locale a pour effet d’augmenter la densité d’équidés et leur concentration au sein des territoires. Finalement, les espaces périurbains présentent les densités d’équidés les plus élevées (de 4 à 7 équidés/km²).

Au sein des zones rurales étudiées, on constate d’importantes disparités concernant les surfaces occupées par les équidés qui vont de 1,5 à 6 % de la surface totale. Ces différences sont à relier à la fois à la densité de population et à la disponibilité des terres pour les équidés. Par exemple, une agriculture professionnelle prépondérante au sein du territoire laisse peu de place aux équidés. En revanche, une très faible densité de population ou une importante déprise agricole libère des espaces pouvant être occupés par des équidés.

Distribution spatiale des équidés

En couplant un traitement statistique des données de localisation des équidés et l’observation exhaustive des relevés de terrain, nous avons pu identifier deux schémas de distribution spatiale des équidés.

Un gradient intercommunal

À l’échelle des aires urbaines, un gradient urbain - rural radioconcentrique se dessine dans les trois zones étudiées (figure 1). Selon ce gradient, les centres équestres et les pensions sont préférentiellement implantés dans les communes proches des pôles urbains, là où se concentre une grande partie de la clientèle des pratiquants. Ces structures s’adaptent à la pression foncière, par des concentrations élevées d’équidés sur des surfaces restreintes, relevant quasiment du « hors sol ». En revanche, les élevages et centres d’entraînement des chevaux de courses trouvent leur place dans les communes les plus éloignées des pôles urbains, aux limites rurales de l’aire urbaine. Les particuliers se retrouvent quant à eux sur toutes les communes, quelle que soit leur distance aux pôles urbains. Ils adaptant leur stratégie à la disponibilité foncière à proximité des lieux de résidences ou de loisirs.

Distribution spatiale des équidés : gradient intercommunal
Figure 1 : Distribution spatiale des équidés : gradient intercommunal


Un gradient intra-communal

À l’échelle communale (en zone rurale et périurbaine), un autre gradient se dessine, intra-communal, selon la distance au centre-ville. Les élevages et les centres d’entraînement utilisent en alternance de grandes parcelles situées à distance des centres des communes (rotations entre différentes parcelles). À cette échelle locale, les centres équestres et pensions semblent principalement rechercher des facilités d’accès pour leur clientèle, en se situant à proximité de grands axes de communication. Enfin, les particuliers utilisent préférentiellement des parcelles situées à proximité immédiate de leur habitation, intégrant leur activité équestre dans une logique résidentielle, là où les parcelles pour les équidés prolongent l’espace de la maison. Ces équidés occupent de ce fait des petites parcelles intercalées dans les interstices de l’espace bâti. Souvent, des propriétaires compensent le manque d’espace en propriété par des occupations temporaires de parcelles plus éloignées qui leur sont louées ou prêtées. Toutefois, cette localisation des équidés de particuliers est évolutive, puisqu’ils sont progressivement repoussés vers la périphérie des villages au fur et à mesure de l’avancée de l’urbanisation.

Distribution spatiale des équidés : gradient intra-communal
Figure 2 : Distribution spatiale des équidés : gradient intra-communal

Enjeux liés à la présence d'équidés au sein des territoires

En savoir plus sur nos auteurs
  • Céline VIAL Ingénieure de recherche « Économie / Sciences de gestion » IFCE

Bibliographie

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  • Perrier-Cornet, P., Vial, C., 2008. Cheval et territoire :
    1) Facteurs explicatifs de la présence des équidés appartenant à des « amateurs » dans les espaces ruraux et périurbains. Une étude sur quatre régions françaises.
    2) Les différentes formes de pratique des loisirs équestres et leur importance. Quatre études locales de terrain. Annuaire ECUS 2008, les Haras nationaux, p. 49-52.
  • Vial, C., 2008. Les « amateurs »,  propriétaires d’équidés de sports et loisirs : qui sont-ils ? Comment s’organisent-ils ? Comment occupent-ils l’espace ? Equ'idée, n°65, p. 26-29.
  • Vial, C., 2009. Quelle place pour le cheval dans l’occupation et l’aménagement du territoire français ? Equ'idée, n°69, p. 28-30.
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  • Vial, C., Aubert, M., Perrier-Cornet, P., 2011. Le développement des propriétaires amateurs dans les territoires ruraux : entre influences sectorielles et périurbanisation. Equ'idée, n°74, p. 36-39.
  • Vial, C., Aubert, M., Perrier-Cornet, P., 2015. Loisirs de pleine nature et utilisation des territoires : le cas des activités équestres diffuses. Géographie, Economie, Société, Vol. 17, n° 3,  p. 289-314.
  • Vial, C., Perrier-Cornet, P., 2013. Le programme de recherche « Cheval et territoire » : de l’organisation des activités équestres à leurs impacts sur le développement des territoires. Actes de colloque, 39ème Journée de la Recherche Équine, Institut français du cheval et de l’équitation, 28 février 2013, Paris, p. 75-84.
  • Vial, C., Perrier-Cornet, P., Soulard, C., 2011. Le développement des équidés de loisir en France : quels impacts sur les espaces ruraux et périurbains ? Numéro spécial de la revue Fourrage sur « L’utilisation des ressources prairiales et du territoire par le cheval », N° 207, p. 165-172.
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 08 05 2024

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