La monte en main

Parmi les types de monte utilisées en France, la "monte en main" représente la 2ème technique de reproduction utilisée (33% du nombre de saillies réalisées) derrière l'insémination artificielle (40%) en 2015. Certaines races n’autorisent que ce mode de reproduction pour l’inscription à leur stud book des produits à naître. Ce type de monte nécessite des compétences et un savoir-faire de la part de l’étalonnier pour suivre la jument à la reproduction et utiliser l'étalon en respectant les mesures de sécurité et d'hygiène.

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Par Anne MARGAT - Pauline DOLIGEZ - | 26.06.2020 |
Niveau de technicité :
Monte en main
Sommaire

L'étalon et l'étalonnier

La monte en main est le fait de faire s’accoupler une jument et un étalon tenu à la longe, d’où l’expression « monte en main ».

La compétence de l’étalonnier, la parfaite connaissance des étalons qu'il gère et sa rigueur dans le suivi des juments sont des éléments déterminants.

Certains étalons peuvent être surexcités, notamment en début de saison de monte, et l’étalonnier doit savoir les tempérer. Un étalon trop nerveux pourrait blesser une jument mais également les personnes présentes. L’étalonnier est là pour guider en se faisant respecter, sans brutalité. Un étalonnier calme fait un étalon calme.

Seules des juments en chaleur doivent être présentées à l’étalon. C’est un souffleur qui est utilisé pour détecter les chaleurs des juments.

L’étalon peut être sollicité plusieurs fois dans une journée. L’étalonnier gère le nombre de sauts (ou saillies) en fonction de la saison, du nombre de juments à pourvoir et de la qualité de la semence de son étalon. Afin de limiter le nombre de saillies effectuées chaque jour par l’étalon, le suivi ovarien par échographie réalisé par un vétérinaire peut s’avérer nécessaire. Il est même parfois imposé pour les étalons qui ont des cartes de saillie bien remplies (juments inscrites à la saillie pour la saison). Il permet de déterminer chaque jour, les juments prioritaires pour les saillies. 

En principe, on limite le nombre de saillies à trois à quatre maximum par jour par étalon (réparties autant que possible dans le temps).

La saillie

Dès l’arrivée au haras, l’étalonnier doit vérifier :

  • L’identité de la jument : concordance avec son document d’identification et son numéro de transpondeur
  • Son statut sanitaire : vaccinations et dépistages de maladies contagieuses imposées par le stud book du produit à naître
  • Après la saillie, il appose son visa dans le document d'identification.

La jument est ensuite préparée :

Bande de queue
L’étalonnier prépare la jument : pose d’une bande de queue, lavage puis mise de chaussons © Ifce
Tout d'abord dans une barre :

  • Pose d’une bande de queue
  • Lavage externe avec un savon antiseptique de la région génitale
  • Rinçage et essuyage

Chaussons pour membres postérieurs
Chaussons pour membres postérieurs
Puis dans le manège ou hangar (ou espace clos) de monte :

  • La jument est entravée ou chaussée aux postérieurs de protections. Ceci afin de limiter les conséquences pour l’étalon d’une ruade éventuelle.
  • Une protection de l’encolure et du garrot peut être placée sur la jument en fonction du comportement de l’étalon. Certains ont tendance à mordre les juments.

Il est fortement conseillé aux manipulateurs (étalonnier et personne tenant la jument) de porter des chaussures de sécurité.


L'étalon se prépare à saillir
A - L'étalon se prépare © A. Margat
L’étalon est conduit en main, en bridon, calmement, près de la jument pour la flairer [A]. La verge de l'étalon sera nettoyée avec du matériel à usage unique et à l'eau claire pour des mesures d'hygiène. L'étalon peut s'impatienter pendant cette opération, mais avec l'habitude il est éduqué à se laisser faire en restant tranquille.


Monte en main
B - L'étalon saillit la jument © A. Margat
L’étalon ne chevauche la jument qu’une fois en érection complète. Il se cabre et introduit sa verge dans le vagin de la jument. L’autre main de l’étalonnier est recouverte d'un gant à usage unique afin de diriger le cas échéant la verge de l’étalon, pour éviter une intromission dans l’anus de la jument [B]. Certains étalons surexcités font « champignon » c’est-à-dire que le gland de la verge est très dilaté ce qui empêche l’intromission. Il faut alors ramener l’étalon au calme en le promenant avant de lui présenter de nouveau la jument.


Ejaculation de l'étalon
C - Ejaculation de l'étalon © A. Margat
L’éjaculation, souvent rapide, est traduite par un mouvement de la queue de haut en bas significatif [C]. La jument est avancée afin que l’étalon se retrouve sur ses membres. L’étalonnier rince à l’eau la verge de l’étalon dans un broc qui lui est attribué. Cette opération est renouvelée à chaque saillie.

Rythme des saillies : pour un étalon de fertilité normale, chaque jument est saillie tous les 2 jours du début jusqu’à la fin des chaleurs.

L’étalonnier renseigne les documents de monte à chaque saut.

Prévention et hygiène

Les stud book de certaines races exigent des résultats d’analyses, effectuées sur les juments, concernant des maladies telles que l’artérite virale, l’anémie infectieuse des équidés, la métrite contagieuse, et ceci avant toute saillie de l’étalon.

Le respect de protocoles vaccinaux est aussi imposé selon les races.

Toute jument qui présente des écoulements suspects ne doit pas être saillie et doit être examinée par le vétérinaire.

Une bonne collaboration entre le vétérinaire, l’éleveur et l’étalonnier doit offrir le maximum de chances pour obtenir un poulain de sa jument quel que soit le type de reproduction choisi. 

En savoir plus sur nos auteurs
  • Anne MARGAT Coordinatrice de la formation « Inséminateur équin » et formatrice IFCE
  • Pauline DOLIGEZ Ingénieure de projets & développement « Alimentation et entretien des équidés » IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 09 05 2024

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