Fonctionnement du marché du cheval en France

En France, le marché du cheval de sport-loisir s'est sensiblement développé, en lien avec l'engouement pour l’équitation de sport-loisir. Son organisation est cependant complexe, compte-tenu de la diversité des produits, des acteurs et des circuits d’achats. À l’inverse, les marchés des chevaux de course et des chevaux de boucherie apparaissent plus structurés.

1

Niveau de technicité :
portrait cheval gris @Ifce
Sommaire

Un marché du cheval en développement

Chaque année, entre 80 000 et 90 000 changements de propriétaires d’équidés sont enregistrés sur le marché intérieur français (IFCE-SIRE). Parmi eux, 60 % concernent des chevaux et poneys de selle auxquels s’ajoutent bien d’autres types d’équidés utilisés en sport-loisir : ainsi, ce sont près de 70 % des équidés achetés en France qui sont destinés à une pratique de l’équitation de sport-loisir.
 

Depuis les années 60-70, la population de cavaliers a fortement augmenté. L’engouement pour les activités équestres explique l’accroissement des échanges sur le marché du cheval.

En parallèle, les importations de chevaux de selle étrangers se sont accrues au cours de la dernière décennie et tempèrent l’aspect porteur du marché hexagonal : elles représentent près de 10 000 chevaux par an.

Pour améliorer la connaissance du marché du cheval, l’Observatoire Économique et Social du Cheval (IFCE) mène depuis 2012 des enquêtes semestrielles auprès d’acheteurs d’équidés. Ces enquêtes contribuent à l’objectif de permettre aux éleveurs et vendeurs de chevaux de mieux connaître les attentes de leurs clients, et aux acheteurs de mieux cerner l’investissement correspondant à leur besoin.

Sport-loisir : un marché porteur, mais "en tension"

Demande : une orientation loisir dominante

La population actuelle de cavaliers est plutôt orientée vers une pratique équestre diversifiée dans laquelle la compétition perdure sans être exclusive. Ainsi, la plupart des acheteurs recherche des équidés polyvalents pour une pratique équestre régulière (plusieurs fois par semaine).

L’objectif de compétition concerne deux équidé sur cinq. La discipline du saut d’obstacles prédomine puisque la moitié des équidés ne feront que du CSO en compétition. En CSO, 90 % des équidés achetés sont destinés aux compétitions de niveaux club-amateur.

Sur dix équidés de loisir, quatre sont uniquement destinés à une pratique en extérieur (promenade, randonnée), quatre sont destinés à une pratique d’activités diverses sans objectif de compétition (plat, obstacle, balade…) et deux sont destinés à des activités d’enseignement.

Par ailleurs la race n’apparaît pas comme un critère majeur de choix à l’achat : une petite moitié des acheteurs recherche une race spécifique, en raison des aptitudes et prédispositions reconnues de la race. Ce critère a plus d’importance lors de l’achat d’un cheval de trait, l’acheteur étant alors souvent attaché à une race produite localement.

Un décalage entre offre et demande

© AC Grison

La production française ne répond que partiellement à ces attentes essentiellement orientées vers le loisir et le sport amateur. En effet, les chevaux français sont essentiellement produits :

  • soit en dehors d’un schéma de sélection : 1/3 des chevaux de selle produits sont des ONC
  • soit pour la compétition : 60 % des éleveurs de chevaux de sport cherchent à produire des animaux pour le niveau professionnel (saut d’obstacles principalement).

Face à cette production surtout orientée sur l’élite, les éleveurs de chevaux de loisir ne représentent que 15 % des éleveurs français. Il en découle un hiatus entre le prix de production et le prix de vente, car dans leur grande majorité les chevaux de sport sont achetés « peu cher » alors qu’ils sont quasiment tous chers à produire.

L'essentiel des chevaux est acheté pour apprendre ou perfectionner l’apprentissage de l’équitation, classique ou non. Les pratiques qui combinent travail en carrière et balade sont nombreuses ainsi que de nouveaux usages "de loisir" (western, horse-ball, éthologie...).

Les acteurs du marché et les circuits d’achat

© PH Forget

Deux acheteurs sur trois sont non-professionnels de la filière équine mais la plupart d’entre eux ont cependant déjà acheté un équidé auparavant. Les achats se font surtout à proximité du domicile de l’acheteur (moins de 50 km).

Pour autant, le repérage du cheval acheté se fait souvent par le biais d’Internet (4 achats sur 10 repérés sur les annonces, forums, sites d’élevage…). Complémentaire du bouche à oreille, c’est un vecteur privilégié pour éclairer, repérer, ordonner, prendre contact. Il peut faire gagner du temps mais la fiabilité de l’information est variable.

Les formules de ventes collectives concernent peu de transactions (moins de 5 %), mais leur intérêt réside dans un choix élargi de chevaux pour les acheteurs :

  • les ventes aux enchères, formule élitiste et à notoriété, sont plutôt dédiées à la mise en marché de jeunes chevaux de sport sélectionnés (environ 300 chevaux par an) ;
  • les foires, formule plus traditionnelle, sont une sorte de marché de l’occasion où s’écoulent souvent des chevaux dépréciés, à des gammes de prix plutôt bas ;
  • les présentations-ventes, souvent organisées en parallèle d’une manifestation (salon, compétition…) pour présenter des produits plutôt de sport, sont surtout des lieux pour s’informer et se faire connaître.

Le marché du cheval de course

Une large gamme de produits

Le marché du cheval de course porte sur une large gamme de produits : essentiellement des yearlings (surtout en galop), mais aussi des chevaux à l’entraînement prêts à courir, et des animaux d’élevage (foals, poulinières, étalons voire parts d’étalons).

Des ventes aux enchères très développées

course de trot attelé
© V. Niquin

Ce marché est structuré par les ventes aux enchères, bien plus développées que sur le marché du sport-loisir. Chaque année, près de 3 500 galopeurs et 3 000 trotteurs sont présentés aux enchères. Les ventes aux enchères sont ainsi proportionnellement moins développées chez les trotteurs (10 % d’une génération vendus) que chez les pur-sang (20 %).

Sur ce circuit, quelques agences de ventes prédominent :

  • En galop, l’agence ARQANA organise 10 ventes annuelles de chevaux de plat comme d’obstacles, dont les célèbres ventes de yearlings d’août de Deauville.
  • En trot, 7 ventes annuelles sont organisées par l’agence ARQANA Trot.

En galop comme en trot, coexistent également quelques autres structures aux ambitions commerciales moindres mais dont l’objectif est plutôt de favoriser la commercialisation  des produits d’élevage en région (Association des éleveurs Normands, Association des Éleveurs du Centre Est, OSARUS).

Les courses à réclamer, un mode de commercialisation spécifique

Dans les courses dites « à réclamer », les chevaux partants peuvent être achetés après la course. Au moment de l’engagement, le propriétaire (ou l’entraîneur) indique un montant auquel son cheval sera à vendre (« à réclamer »). Après la course, les éventuels acheteurs déposent leur offre dans une urne spécifique, l’offre la plus élevée l’emportant au dépouillement. C’est une sorte de ventes aux enchères à bulletin secret.
Ces ventes concernent environ 3 000 chevaux chaque année dont une majorité âgée de 4 ans et plus, et surtout des galopeurs.

Le marché des chevaux de boucherie

Des organisations de producteurs et des foires chevalines, acteurs de la commercialisation

¨Percherons au pré © B. JEHANNE
© B. Jehanne

Les poulains de trait sont vendus jeunes (entre 6 et 18 mois), principalement à l’export. Ils sont commercialisés lors de tournées d’acheteurs dans les élevages ou lors de foires aux chevaux.

Les organisations de producteurs achètent les animaux plutôt directement dans les exploitations.

Les négociants français comme étrangers achètent plutôt les équidés sur les foires aux chevaux. Le plus important marché de Maurs (Cantal), de renommée internationale, attire des négociants d’Espagne comme d’Italie.

Des cotations hebdomadaires pour 4 catégories d’animaux

Des cotations sont diffusées chaque semaine par FranceAgriMer. Ces cotations peuvent servir de référence aux transactions entre les producteurs et les acteurs économiques du marché. Elles sont aussi l’outil essentiel de suivi du marché puisqu’elles permettent d’apprécier objectivement la situation. Le système de segmentation ne fait pas de distinction selon le sexe, la race ou l’origine de l’équidé. Les catégories sont établies selon la conformation, l’état d’engraissement et le poids de l’animal. 4 catégories d’animaux sont ainsi distinguées : laiton (6 à 12 mois), poulain (12 à 24 mois), adulte sang et adulte trait.

Un marché en baisse régulière

Malgré des prix de vente au détail assez élevés, le marché de la viande est ainsi peu rémunérateur, le prix d’un poulain vendu à la boucherie compensant difficilement les charges.

La baisse de consommation de viande chevaline en France comme à l’étranger raréfie les acheteurs. Le commerce en direction de l'Italie ou de l'Espagne est de plus en plus limité en termes de débouchés mais aussi en raison des réglementations plus drastiques.

Des démarches locales pour dynamiser le secteur

Les groupements de producteurs tentent de dynamiser et restructurer la filière par des actions de diversification des produits et de mise en valeur de leur qualité (charte de bonnes pratiques d’élevage).
Des démarches qualité ont été mises en place dans les années 1990 et plus récemment, d’autres actions visant à mieux valoriser les produits se développent localement (vente directe de viande, mise en marché de nouveaux produits, relancement de l’engraissement de poulains).

En savoir plus sur nos auteurs
  • IFCE - Observatoire Économique et Social du Cheval (OESC)
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 08 05 2024

Ressources à télécharger

Dépliant
Dépliant chiffres clés 2022

Cette fiche vous a-t-elle été utile ?